UNE CHAUDE JOURNEE.

UNE CHAUDE JOURNEE.

 

            Le silence écrase le ciel brulant sur le désert fauve. Tu marches depuis l’aube,  droit devant toi. La tache brune que tu regardes au loin depuis des heures déjà, grossit peu à peu. Tu distingues enfin le long toit plat de tôle sur le long hangar de planche teinté au brou de noix. Vers toi,  le mur est éventré d'une longue vitrine qui, ) bientôt , va te permettre d'examiner l'intérieur du bâtiment: Tu y vois un petit comptoir de bois sombre . Derrière et au-dessus de lui, il y a des masques, des centaines de masques tournés vers toi. Ils représentent tous le même visage, une longue figure aux pommettes saillantes, au long  nez bisqué, au crâne haut et nu . Seules, différent sur ces masques, la teinte et l'expression .Tous , sauf un, sont beiges ou bruns , chacun paraissant représenter une des plus infimes nuances de ces couleurs . Tous sont empreints de tristesse, de mélancolie, de sérénité désabusée.

Le seul masque qui se distingue nettement des autres est jaune vif avec des pommettes écarlates, il semble rire , d'un rire énorme , d'un rire terrible qui) croirait-on,  ose défier l'univers . Le visage qui lui a servi de modèle est cependant bien le même, long et glabre, représenté par les autres masques .

Tu entres par une petite porte située au coin du mur . Aussitôt, un des masques se sépare, des autres et vient vers toi : il est bistre, son regard est impénétrable; il surmonte un corps maigre et vouté, vêtu d'un pull –over sombre, d'un pantalon noir.

Il ne répond pas à ton salut, te demande d'un ton bref ce que tu désires.

- Je voudrais acheter un de ces masques

- Ils ne sont pas à vendre.

- Il s'agit donc d'une exposition ? Je désire la visiter .

- Ce n'est pas une exposition. On ne visite pas . Au revoir, monsieur.

 

Et il te tourne le dos.

Il ne te reste plus qu'à partir, ce que tu fais à pas lents, un peu interloqué. Au bout de quelques mètres, tu te retournes. Tu vois par la vitre, le masque jaune (vêtu d'un maillot rouge), s'esclaffant toujours , tapant avec une brutale cordialité, l'épaule du masque bistre . Celui-ci et tous ses sombres frères affichent un patient mépris tandis que l'autre continue son manège. Tu reprends ton chemin, te retournant encore plusieurs fois. Tant que la distance n'est pas trop grande tu constates que la même scène se poursuit interminablement. Tu es préoccupé : Comment expliquer à Esclarmonde que tu rentres bredouille ?

 

 

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