Au revoir Christian

Au revoir Christian

Ça peut paraitre prétentieux de ma part de t’adresser une lettre, de t’appeler par ton prénom et de te tutoyer. Mais je me rappelle que c’est ce qu’on a fait par moments quand on échangeait des souvenirs en message privé sur Facebook.

On a commencé ces échanges quand je tai révélé ce que le Grand Astap représentait pour moi : mon fils ainé, très ascolaire, l’avait adoré. Mon frère ainé, étudiant brillant, l’adorait également avant qu’il ne casse sa pipe dans un accident de la circulation à l’âge de 19 ans.

C’était quand même incroyable et même miraculeux de pouvoir discuter avec l’auteur de « Norbert et Kari » et de « Martin Milan », ce que je n’aurais même pas pu imaginer lorsque j’étais ado. Je me rappelle aussi que tu m’avais adressé une longue lettre sur ton « blog insolite » et cela bien qu’on ne se soit jamais rencontrés « en présentiel ». (« Un 29 Octobre … » - Marcel Cerdan est mort. J'ai 17 ans. C'est pas juste. http://christiangodard.canalblog.com/archives/2013/10/29/28316085.html )

            Pour mon frère, Christian Godard c’était avant tout Norbert et Kari et cet épouvantable calembour du commerçant enrhumé (« Mais c’était Blücher ? ») qui l’avait enchanté. Pour moi c’était l’émotion qui perçait ou explosait dans tes récits : l’ombre de Démosthène le dauphin, Églantine de ma jeunesse et bien sûr (comme tout le monde) « Il s’appelait Jérôme », récit qui m’avait d’autant plus bousculé que je l’avais découvert quelques mois après le décès de mon frangin.

Je ne te l’avais pas dit mais pouvoir discuter avec toi qui était indirectement lié à mon frère, c’était pour moi une manière de faire la nique à la camarde, à la grande faucheuse. Finalement elle t’a eu aussi. Il fallait bien s’y attendre. Je ne sais pas ce qu’il se passe après mais si jamais tu croises un adolescent barbu avec une coupe afro qui te balance en rigolant « mais c’était Blucher ! » ne sois pas étonné et passe lui mon bonjour !

Thierry